Qu'est-ce que l'écologie fonctionnelle ?

Par ses pratiques et leur mise en œuvre (intensité, fréquence), l’éleveur influence la relation entre la production de biomasse et le nombre d’espèces végétales présentes sur la parcelle. Comprendre les mécanismes de cette interaction est un des enjeux de l’écologie fonctionnelle qui cherche à caractériser les stratégies mises en œuvre par les espèces végétales pour s’adapter aux différents habitats et pratiques.

La notion de stratégie fonctionnelle La notion de stratégie fonctionnelle

Une première dimension est relative à l’acquisition des ressources (en rouge sur la figure). Les espèces à stratégie de capture des ressources sont caractéristiques des milieux à forte disponibilité en nutriments. Elles ont des feuilles fines qui captent efficacement la lumière, une teneur en azote élevée, des durées de vie de leurs organes faibles. Les espèces à stratégie de conservation se rencontrent dans des milieux plus pauvres en nutriments. Elles ont des feuilles plus épaisses et à durée de vie longue et avec un recyclage interne des nutriments (azote) élevé. La résistance à la défoliation (en vert sur la figure) fait rentrer en jeu des mécanismes de tolérance ou d’évitement. Les espèces tolérantes ont des bourgeons proches du sol et des durées de vie des feuilles courtes. Cela leur permet d’émettre rapidement de nouvelles feuilles après une pâture. Les espèces qui mettent en place des stratégies d’évitement se caractérisent par des organes prostrés près du sol (rampants), et le développement de mécanismes physiques (pilosité, épines, rigidité des tissus) ou chimiques (amertume, toxicité) qui réduisent leur attractivité pour l’animal.

Stratégies des espèces végétales et utilisation des prairies

S’intéresser aux stratégies d’espèces, consiste à rechercher des caractères morphologiques, physiologiques ou phénologiques qui déterminent les performances individuelles (les traits fonctionnels). Ainsi, la caractérisation du fonctionnement des espèces permet d’identifier des stratégies, que l’on peut ensuite replacer sur un gradient de facteurs écologiques (stress/perturbation). Ces stratégies d’espèces correspondent à des réponses fonctionnelles ou des trajectoires d’adaptations, en terme d’acquisition des ressources (capture vs conservation) ; ou de régénération des tissus (compétitrices vs conservatrices). Cela a permis de distinguer deux grandes stratégies de réponse de la diversité des prairies aux pratiques agricoles :

  • L’une d’elle correspond à un investissement fort dans la capture des ressources minérales et caractérise les espèces adaptées aux milieux riches et à des fréquences de défoliation élevée.
  • L’autre correspond à la conservation des ressources et caractérise les espèces adaptées à des milieux plus pauvres et à une fréquence de défoliation plus faible (Agrostis capillaire, Fétuque rouge, Brachypode penné).

Ces deux types de stratégie sont associés à des groupes fonctionnels (taille des feuilles, teneur en matière sèche des feuilles, durée de vie des feuilles…) qui expliquent directement la flexibilité d’exploitation des parcelles agricoles. Ainsi une prairie dominée par des espèces à « capture des ressources » a une productivité forte, une maturité précoce, mais une faible flexibilité d’exploitation.

Stratégies des espèces prairiales et modes d'utilisation