Les prairies

Prairie à narcisse des poètes sur la réserve du rocher de la Jacquette
Prairie à narcisse des poètes sur la réserve du rocher de la Jacquette - http://www.reserves-naturelles.org/rocher-de-la-jaquette
Les prairies permanentes (c’est-à-dire ne rentrant pas dans le cycle de rotation des cultures, à la différence des prairies temporaires non traitées ici) sont des végétations herbacées héliophiles qui se développent sur des sols moyennement à fortement enrichis en éléments nutritifs.

On peut classer ces prairies en fonction du mode de gestion des parcelles :

  • les prairies de fauche (prés)
  • les prairies essentiellement pâturées (pâtures).

Prairie fleurie du Mezenc (moyenne montagne mésophile) - Photo : Henaff - CBNMC
Prairie fleurie du Mezenc (moyenne montagne mésophile)
La diversité floristique des prairies permanentes est très élevée (40-50 espèces sur 30 m²), la production de biomasse importante et les pluies de fin d’été permettent une deuxième coupe en septembre, ou un pâturage du regain. Avec une fertilisation plus importante (minérale et/ou organique), ce sont les pissenlits (Taraxacum sect. Ruderalia) qui dominent au printemps, supplantés en été par les grandes apiacées, peu appétentes pour le bétail, comme l’Anthrisque sylvestre (Anthriscus sylvestris) et la Grande berce (Heracleum sphondylium).

Prairie de fauche à renoncule et géranium - Photo : S.Martinant, CEN-Auvergne
Prairie de fauche à renoncule et géranium
Les prés de fauche présentent un cortège floristique supportant l’alternance entre l’accumulation de biomasse et le prélèvement par la coupe. Parmi les espèces particulièrement bien adaptées à la fauche, on peut citer le Fromental élevé (Arrhenatherum elatius), l’Avoine dorée (Trisetum flavescens), le Salsifis des prés (Tragopogon pratensis). Les prairies fauchées montagnardes présentent des aspects très divers selon la saison. Parsemées de crocus (Crocus albiflorus), de narcisses et de jonquilles (Narcissus plurisp.) au printemps, elles deviennent multicolores en juin, le bleu des knauties (Knautia plurisp.) et des raiponces (Phyteuma plurisp.) se mélangeant au rose des renouées bistortes (Bistorta officinalis), et au jaune des trolles d’Europe (Trollius europaeus). L’intensification des pratiques de fauche, et l’avancée des dates de première récolte ont conduit à la sélection des espèces de graminées précoces et très compétitrices.

Prairie fleurie  sur la commune de Saint-Ours-les-Roches, 63 Photo : CEN-Auvergne
Prairie fleurie sur la commune de Saint-Ours-les-Roches, 63
Ainsi dans de nombreux bassins d’élevage, les prairies colorées « dites prairies fleuries » sont progressivement remplacées par des prairies très productives, qui dès le mois de juin créent des paysages « très verts et très jardinés ».

Pâture destinée aux vaches laitières, la végétation régulièrement exploitée favorise les espèces de graminée les plus productives.
Pâture destinée aux vaches laitières, la végétation régulièrement exploitée favorise les espèces de graminée les plus productives
L’inaccessibilité de certaines parcelles aux engins mécaniques (pente, portance des sols, rochers affleurants) a limité les possibilités de fauchage. De même, la productivité moindre des végétations sur des sols plus superficiels rendait les chantiers de fauche peu opérants. Dans ces conditions moins propices à la constitution de stocks fourragers, l’exploitation directe de l’herbe par le pâturage a été privilégiée.

Prairie d’estive dans le Cézallier - (Unité expérimentale INRA-Herbipôle - Photo : Anne Farruggia)
Prairie d’estive dans le Cézallier
L’intensité des amendements, le chargement des parcelles en bétail, ainsi que la précocité de la date d’entrée des animaux dans les pâtures et la durée de leur séjour sont des paramètres impactant la composition floristique de ces surfaces. Les parcelles les moins fertilisées, souvent associées à une exploitation plus extensive, hébergent les flores les plus diversifiées.

Pâture de montagne  en vallon humide - Photo : Sylvain Pouvaret - CEN-Auvergne
Pâture de montagne en vallon humide
Cynosurus cristatus  - Photo : A.Descheemacker - CBNMC
Cynosurus cristatus

Les prairies « plus grasses » (sur sol plus fertile) présentent une composition botanique plus banale, dont l’intérêt patrimonial est limité, mais au rôle fonctionnel important en matière de production, de fertilité des milieux ou de stockage de carbone dans le sol.

On retrouve ces surfaces pâturées dans les vallons humides, sur les coteaux mais aussi sur les plateaux d’altitude où la production de biomasse est limitée par la courte saison de végétation et les sols peu profonds.

La pression de pâturage s’y exerce presque de façon continue tout au long de la saison de végétation. Les modalités d’exploitation (types d’animaux, dates de pâturage) sont souvent liées à l’éloignement des parcelles du siège de l’exploitation car cela détermine les capacités de surveillance des animaux par l’éleveur.

En Auvergne, un type de prairie assez commun est la prairie à Fétuque rouge (Festuca rubra), Crételle (Cynosurus cristatus), trèfles (dont le Trifolium repens en milieu frais) et pâquerettes (Bellis perennis).

Trifolium repens - Photo : A.Descheemacker - CBNMC
Trifolium repens
Lolium perenne - Photo : A.Descheemacker - CBNMC
Lolium perenne
Sur les sols les plus maigres, les orchidées printanières peuvent y être abondantes comme l’Orchis bouffon (Anacamptis morio). Les communautés des sols mésotrophes, plus denses et hautes (40 à 50 cm) sont dominées par des poacées (Cynosurus cristatus, Festuca gr. rubra, Anthoxanthum odoratum,…).

Végétation typique d’une prairie pâturée d’altitude - Photo : J.L.Carter
Végétation typique d’une prairie pâturée d’altitude
Les groupements sur sols eutrophes plus riches comprennent le Ray-grass anglais (Lolium perenne), le Trèfle blanc (Trifolium repens) ou le Pissenlit (Taraxacum sect. Ruderalia), et sont souvent proches de la flore rencontrée sur de vieilles prairies artificielles à Lolium perenne et trèfles en cours de naturalisation.

Prairie humide dans le marais de Chaudeyrolles  - (Haute Loire, Photo : CBNMC)
Prairie humide dans le marais de Chaudeyrolles
Quand le sol est plus humide, les joncs et les laîches remplacent les graminées. Le type le plus fréquent de prairie humide est la prairie à Jonc diffus (Juncus effusus) et Renoncule rampante (Ranunculus repens), souvent issue d’un drainage partiel. Quand le drainage est moins important, le Jonc acutiflore (Juncus acutiflorus) devient dominant.

Caltha palustris. - Photo :  A.Descheemacker CBNMC
Caltha palustris
On trouve également le Populage des marais (Caltha palustris) au fond des vallons des moyennes montagnes (900m) qui bénéficient d’une température moyenne peu élevée, d’un sol profond, riche en sels minéraux et pas trop acide. L’eau s’y écoule assez régulièrement.
Oenanthe fistulosa. - Photo : N. Guillerme - CBNMC
Oenanthe fistulosa
Si le sol est peu acide, ces prairies sont remplacées par des prairies à Brome rameux (Bromus racemosus) ; si le sol est plus acide, par des prairies à Molinie bleue (Molinia caerulea) et par des prairies à Oenanthe fistuleuse (Oenanthe fistulosa) lorsque le sol est régulièrement inondé.

Remerciements à : P.M. Le Henaff et P. Antonnetti du CBNMC et à S. Cordonier du CEN AUVERGNE
Pour en savoir Plus :
Carrère et al. (2015) Les grands types de milieux en Auvergne. In la Biodiversité en Auvergne, état de conservation des espèces; Revue d’Auvergne, 615-616 : 81-109.