L'élevage produit des paysages emblématiques

Un haut lieu tectonique

Depuis 2018, la CDPFDL (Chaîne des Puys faille de Limagne) est inscrite sur la liste du patrimoine mondial au titre du critère géologique. Il s’agit d’un des meilleurs endroits au monde pour contempler un rift continental dans toute sa diversité, avec l’ensemble des formes de relief associées : volcans, faille, plateau surélevé, relief inversé.
Cet assemblage unique permet d’appréhender en un seul lieu les trois étapes de la fracture d’un continent en deux : étirement et déchirure de l’écorce terrestre, échauffement et fusion de la roche générant un volcanisme actif, soulèvement /effondrement des deux parties, ainsi que leur articulation dans le temps car ce processus a duré des millions d’années.

L’activité d’élevage permet de comprendre le phénomène de rifting

Paradoxalement, si ce site a l’air naturel, c’est parce qu’il est utilisé par l’élevage depuis plus de 6000 ans. Les troupeaux collectifs qui pâturent les puys contribuent à maintenir le paysage ouvert et cantonnent la forêt sur les versants raides et les coulées chaotiques. S’il n’y avait pas d’élevage, les puys et leurs coulées seraient entièrement couverts de forêts et leur origine volcanique invisible. Ainsi les facteurs économiques et sociaux qui favorisent ou défavorisent l’élevage contribuent à l’ouverture ou à la fermeture de ces paysages dont on ne perçoit la dimension volcanique et tectonique que s’ils sont suffisamment pâturés.

De nouveaux atouts pour continuer et développer l’activité d’élevage

L’inscription sur la liste du patrimoine mondial a été l’occasion de sensibiliser tous les acteurs au rôle déterminant de l’élevage dans la production d’un paysage exceptionnel. Une fondation des principales entreprises de la région a ainsi renforcé les actions des collectivités et de l’État pour moderniser la cabane du berger au pied du Puy de Dôme, pour créer un troupeau « nettoyeur » avec la ferme du lycée agricole de Rochefort-Montagne afin de préparer le retour du troupeau de village sur les puys de la Vache et de Lassolas, pour créer un poste de garde nature afin de concilier la fréquentation avec l’activité d’élevage ; autant de réalisations demandées par les éleveurs et qui n’auraient jamais vu le jour sans cette inscription.

Un nouveau rapport des Hommes à la Nature s’invente ici

Même si la conciliation des missions de protection de l’environnement avec la fréquentation touristique et les objectifs de production n’est pas toujours facile, le site de la CDPFDL est un laboratoire où s’invente de nouveaux systèmes d’élevage qui incorporent dans leurs pratiques la gestion du paysage et de la biodiversité en adaptant le passage des troupeaux et en orientant leurs choix alimentaires. C’est un lieu où les visiteurs peuvent prendre conscience qu’un aspect naturel ne signifie pas absence d’activité agricole : les éleveurs sont à l’origine de cette apparence, ils doivent donc être attentifs à ne pas les gêner.