Elevage et environnement

Comme toute activité humaine, l’élevage a un impact sur l’environnement qui est de plus en plus critiqué. Cependant, les termes du débat sont souvent trop généraux pour couvrir la diversité des situations ou parfois trop connotés moralement ou idéologiquement pour permettre de se forger une opinion. &Eagrave; travers l’exemple de quatre polémiques fréquemment mobilisées, voici quelques éléments pour traiter de ces sujets de manière plus constructive.

L’élevage détruit l’environnement

Élevage de zébus en Amérique du sud suite à une déforestation L’élevage est accusé de conduire à la déforestation et à la destruction des milieux naturels comme en Amazonie. Mais le lien déforestation – élevage est complexe car si les colons exploitent la forêt au profit de l’élevage, c’est à la fois sous la pression des marchands de bois précieux et des cultures agro-industrielles du Sud du Brésil qui repoussent l’élevage vers la forêt. Arrêter l’élevage n’empêchera donc pas la déforestation.
Élevage de rennes dans la Taïga D’autres systèmes d’élevage sont très favorables à la conservation de milieux naturels ou semi-naturels comme l’élevage de rennes dans la taïga et la toundra lapone ou l’élevage ovin extensif des causses ou de la chaîne des Puys.

L’élevage gaspille l’eau

Affiche publicitaire PeTA L’élevage est souvent accusé de consommer des quantités excessives d’eau (15 000 l/kg de viande). Mais cette affirmation est le résultat d’un mode de calcul qui intègre l’eau de pluie nécessaire pour faire pousser l’herbe des pâturages et des fourrages (94 % de la valeur totale). Il s’agit d’une erreur de raisonnement car cette eau n’entre pas en concurrence avec les autres usages pour l’homme.
Affiche publicitaire Evian Affiche publicitaire Volvic Au contraire, les surfaces en prairies favorisent la recharge des nappes souterraines en comparaison avec les forêts qui évaporent l’essentiel de l’eau pluviale durant la saison végétative.

Si la concentration et l’industrialisation de l’élevage sont effectivement problématiques, il ne faudrait pas pour autant oublier que l’élevage assure la survie de 600 millions de personnes parmi les plus pauvres du monde. Les animaux leur servent de monnaie, d’épargne, assurent un bon équilibre de leur alimentation. L’élevage contribue significativement à l’amélioration de leurs conditions de vie et comme ces systèmes sont économes, ils jouent souvent un rôle positif dans la préservation des écosystèmes naturels ou peu artificialisés.

L’élevage pollue

L’intensification des pratiques d’élevage en vue de favoriser l’autonomie fourragère peut entrainer une eutrophisation des cours d’eau. Ici sensibilisation à l’intensification en Franche-Comté et à l’eutrophisation de la rivière Loue Une question importante est la gestion des déjections animales, surtout lorsque la densité d’animaux est élevée dans un territoire spécialisé en élevage. Comme les déjections contiennent de l’azote, du phosphore et de la matière organique, elles sont souvent utilisées pour fertiliser les prairies et les cultures et une partie est entraînée par ruissellement dans les cours d’eau ou s’infiltre jusque dans les nappes.

L’impact environnemental dépend du mode de conduite à l’étable, avec ou sans paille, de la densité d’animaux au pré, de la façon dont les déjections sont stockées et traitées, de la période d’épandage et de la capacité des parcelles à assimiler ces éléments nutritifs ou à les stocker. En jouant sur ces différents facteurs, il est possible de réduire cet impact de manière conséquente tout en améliorant l’autonomie des fermes.

L’élevage modifie le climat

Dénonciation des impacts négatifs de l’élevage sur l’environnement lors d’une manifestation pro-vegan Cette critique découle du rapport « Livestock Long Shadow » de la FAO de 2006 qui estimait que l’élevage produisait 18 % des gaz à effet de serre (GES), soit plus que les transports.Bien que revu à la baisse à 14 % par la FAO, cet argument est toujours repris par les détracteurs de l’élevage.
Répartition des émissions de gaz à effet de serre dues au secteur de l'élevage
Comprendre les mécanismes physiologiques de la méthanisation pour en évaluer l’impact Cette production de GES découle de l’activité microbienne des ruminants et ne peut être stoppée. Au niveau de la ferme, son intensité dépend :
  • du niveau de production et du type de conduite du troupeau,
  • du type d’alimentation,
  • des stratégies de recyclage des déjections.
Il existe donc des marges de manœuvre technique pour atténuer localement cet impact sur le climat mais à l’échelle globale, une réduction de la production animale industrielle sera sans doute nécessaire. Les prairies jouent un rôle important dans le stockage du carbone mais en contrepartie l’alimentation à l’herbe dégage plus de méthane que l’alimentation à base de céréales. Au final, l’élevage extensif à l’herbe a un impact moindre sur la production de GES que les élevages industriels (- 20 %).